Extraits du mémoire LAVE N°3 ( mars 2003 )
Poëmes et Volcans
Collectif
[ Le thème officiel du Printemps des poètes 2025 est la poésie volcanique. L'Association L.A.V.E. remet en lumière son mémoire n° 3 publié en mars 2003 intitulé 'Poèmes et volcans' dont le contenu ne vieillit pas ... ]

1. Vue de l'éruption du volcan le Grand-Brûlé, à l'île de la Réunion, prise des hauteurs de Bois-Blanc,d'après un dessin de M.Merme, capitaine d'artillerie de marine.
Poëmes écrits par des enfants
Poëmes écrits par des enfants de CE2 de l’école Croix-Rouge à Aulnay-sous-Bois, avec la bibliothèque Elsa Triolet.
Le Réveil du Volcan
Pendant trois ans 
Le volcan a eu mal aux dents 
Et il s’est réveillé 
Il s’est mis à pleurer
Quand il s’est arrêté 
Il a pris son petit déjeuner 
Il a mangé une omelette 
Mais comme elle n’était pas bien faite 
Et qu’elle était trop molle 
Elle a fait plein de fumerolles 
Il eut de nouveau mal aux dents 
Il fut très mécontent 
Puis il a commencé à brailler 
Il est allé se recoucher 
Adrien
Vague de lave
Orange
Lumineuse comme le soleil
Crachant le feu
Au milieu des prés, volcan tu es
Né !
Vague de lave
Océan de
Lave rouge
Cratère, cheminée
Apparition soudaine, te voici
Né !
Hervé
Vagues de lave qui s’échappent du volcan,
Où coulez-vous si vite ?
Lueurs éblouissantes, lueurs effrayantes, nuées ardentes qui
Coulez le long des montagnes et brûlez tout…
Attention : volcan en éruption ! S’il vous plaît,
N’allez pas trop loin quand même !
Christiane
Violemment
Ouvrir une porte de la Terre
Lave rouge qui jaillit
Croûte terrestre qui se brise
Au secours ! C’est la 
Naissance d’un volcan !
Sandra
Poëmes écrits par des enfants
Lorsque le volcan Soufriere Hills sur l’île de Montserrat se réveilla en 1995, les enfants d’une école se mirent à exprimer par écrit le fruit de leur imagination créative. Leurs efforts s’orientèrent opportunément vers l’apprentissage de leur propre langue, la mise en place des mots dans le bon ordre, la création d’un rythme et la mise en image de l’événement vécu. 
Ce sont les élèves de l’école religieuse Saint-Augustine (évacuée et détruite) auparavant située dans la capitale Plymouth, engloutie sous les coulées pyroclastiques. C’est pourquoi Dieu et la prière sont parfois cités. Pour tout enfant sur cette île, ce qui se passe depuis 1995 évoque en lui un large éventail d’émotions et de sensations. 
Voici quelques morceaux qui ont une valeur poétique, dont une traduction du mot à mot issue du créole ne peut être trop précise. 
Ecrit en créole « Did You Hear Dat ! » de Rembert Hood (8 ans) est l’un des meilleurs. Il présente dramatiquement les vues, les sons de l’éruption et l’agitation qu’elle engendre. 
Bernard Poyer
Je ne me sens pas bien avec le volcan.
Le volcan me fait peur.
La cendre a sali mon lit.
The volcano made me feel bad. 
The volcano made me feel frighten. 
The ash made my bed dirty
Robekha Lindsey (5 ans)
Volcan, Volcan, Volcan 
Pourquoi ne nous fiches-tu pas la paix ? 
Quand tu grondes, 
Je frissonne. 
Tu envahis mon corps avec la peur, 
Quand tu pleures des larmes de cendre. 
Tu continues à me frapper avec des pierres 
Tandis que je cours et je gémis. 
S’il te plaît laisse-nous tranquilles. 
Je veux rentrer chez moi.
Volcano, Volcano, Volcano 
Why don’t you lay off us? 
When you rumble, 
You make me tremble. 
You fill my body with fear, 
When you cry your ashy tearq. 
You continue to hit me with stones 
As I run and groan.
Please leave us alone. 
I want to go home 
Denbert White (9 ans)
Coulées pyroclastiques
Coulées pyroclastiques, 
Coulées de boue, 
Chutes de pierres, 
Chutes de cendres, 
Oh M. Volcan 
Que de troubles tu causes à notre île d’Emeraude 
Qui était un paradis ! 
Montserrat était en expansion 
Jusqu’au jour où tu l’as réduite à néant par le feu 
Brûlant tout ce qui est à ta portée 
Ta cendre couvre des miles 
Recouvrant tout sur son chemin. 
M. Volcan, ton traitement me rend triste 
Le peuple de Montserrat prie pour un soulagement 
Donc, s’il te plaît, arrête ton grondement 
Et tes écroulements et retourne dormir. 
Pyroclastic Flows
Pyroclastic Flows,
Mud flows,
Rocks sliding,
Ash falling,
Oh Mr. Volcano
What changes you cause in our Emerald Isle
That once was a paradise !
Montserrat was climbing higher
 Until you leveled it with fire 
Scorching everything in your sight 
Your ash travels for miles 
Covering everything in its path. 
Mr. Volcanon your treatment makes me sad 
Montserrat’s people are praying for relief 
So please stop your rumbling 
And tumbling and go back to sleep.
Randy Turney (10 ans)
Soufriere Hills Volcano
Coulées pyroclastiques
Orage qui crépite
Pluie torrentielle
Eclair étincelant
Oh Volcan Soufriere Hills
Quel mystère tu es
Quelle puissance tu détiens
Du  magma coulant dans tes veines
Bouleversant le visage de notre terre
Changeant les roches en sable
Mettant à genoux notre paradis
Détruisant nos arbres
Oh Seigneur je Te prie
De nous aider à vivre un autre jour.
Pyroclastic flows
Thunder cracking
Rain pourring
Lightning flashing
Oh Soufriere Hills Volcano
What a mystery you are
What power you contain
Magma flowing through your veins
Restructuring the face of our land
Turning stones into sand
Bringing paradise to its knees
Destroying our trees
Oh Lord I pray 
Help us to live another day.
Denuda White (10 ans)
Soufriere Hills Volcano
Dans la nuit de mardi, vers 00h25 
Le volcan commença à gronder 
Ma mère me réveilla et me dit : 
« Le volcan gronde 
Il projette des roches, des éclairs éclatent ». 
Les pierres frappaient bang, bang 
Sur le toit de la maison. 
Mon père alla à la voiture 
Et l’approcha. 
Nous devions évacuer Cork Hill 
Pour aller à St. John’s. 
Sur notre chemin on a vu la population courir 
Et s’enfuir par la route 
Les cars ramassaient les gens. 
Quand on est revenus 
A Cork Hill dans la matinée 
On a vu la queue des véhicules au pont de Belham. 
Les policiers étaient là 
Demandant aux gens jusqu’où ils allaient. 
On Tuesday night around 12:25 
The volcano started to rumble 
My mother woke me up and said, 
“The volcano is rumbling 
Stones coming out, lightning flashing.” 
The stones were going bag, bang 
On the house roof. 
My father went for the car 
And brought it around. 
We had to evacuate from Cork Hill 
And we went to St. John’s. 
On uour way we sauw people running 
And walking in the street. 
Buses were picking up people.
When we were coming back 
To Cork Hill in the morning 
We saw a line of vehicles at Belham Bridge. 
Policemen were there 
Asking people how far they were going. 
La Raine Charles (10 ans)
Un Volcan
Un volcan c’est un type spécial de montagne 
Avec des ouvertures grosses ou petites 
Desquelles sort de la cendre comme une fontaine 
Et qui se comporte comme la pluie lorsqu’elle tombe.
Quand un volcan se met à gronder, 
Les gens commencent à trembler. 
Mais il ne faut pas s’inquiéter, 
Seulement se presser à faire ses bagages. 
Les volcans ont de très larges orifices 
Dans lesquels se passent une foule de choses. 
Comme de la vapeur qui s’échappe et des coulées de boue, 
Mais une fois qu’ils entrent en éruption tout s’en va.
A volcano is a special kind of mountain 
With openings big or small 
From which ash rises like a fountain 
And feels like rain when it falls. 
When a volcano starts to rumble, 
People begin to tremble. 
But no need to worry, 
Just pack your bags in a hurry. 
Volcanoes have very large vents 
In which takes place a lot of events. 
Such as steam rising and mud flows, 
But once they erupt, everything goes.
Kerise Kirnon (9 ans)
Je dormis sans soucis
Alors que le volcan grondait 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis 
Alors que les gens hurlaient, tous terrifiés 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis 
Alors que les éclairs éclataient dans la nuit 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis 
Alors que toutes les lumières de l’île s’éteignirent 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis 
Alors que les gens sautaient hors de leurs lits 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis 
Alors que les klaxons des voitures cornaient, fuyant toutes vers le nord 
Je dormis et je dormis et je dormis sans soucis
While the volcano was rumbling 
I slept and I slept and I slept throuh it all 
While the people were screaming and all terrified 
I slept and I slept and I slept through it all 
While the lightning lighted up the night sky 
I slept and I slept and I slept through it all 
While the lights went out all over the isle 
I slept and I slept and I slept through it all 
While the people got out of their beds 
I slept and I slept and I slept through it all 
While the cars were beeping their horns all heading north 
I slept and I slept and I slept through it all. 
Alexander Krakower (10 ans)
Vous avez entendu ça !
Boom ! Vous avez entendu ce gros bruit ? 
Regardez dehors, qu’est-ce que c’est ? 
Tout le monde regarde dehors. 
L’endroit est devenu noir. 
Rentrez maintenant. 
Il est l’heure de se coucher.
Tous ceux qui ne sont pas dans la nuit 
Vite c’est votre dernier avertissement. 
Soyez présents ce matin. 
Au Sud, à l’Est et à l’Ouest, tout s’écroule 
Oh non, ça tremble partout ! 
Que quelqu’un vienne aider Montserrat 
Avant que tout ne soit aplati, aplati. 
Did You Hear Dat !
Boom ! You hear dat loud noise ? 
Look outside, wha e be ? 
Everybody look outside. 
De place get dark. 
Get inside now. 
It’s time to head nart. 
All who not in de nart 
Hurry up, it’s you laas warnin. 
Be there by marnin. 
South, east and west a crumble. 
Oh no, de whole place a rumble ! 
Somebody come, help Montserrat 
Before de whole place get flat, flat. 
Renbert Hood (8 ans)
Volcan
Si vous savez ce qu’est un volcan 
Donnez-nous toute information 
Pour aider notre pays. 
Nous, à Montserrat 
On ne sait pas grand chose sur ça 
Scientifiques venus de partout 
Bateaux de guerre dans le port 
Touristes visitant l’île 
Apportez de l’aide à notre pays.
Si vous savez ce qu’est un volcan 
Donnez-nous toute information 
Pour aider notre pays 
Si vous avez vécu une chute de cendres 
Vous savez pourquoi les Montserratiens s’en vont 
Vers d’autres herbages. 
Moi je resterai ici et je réussirai 
Si vous savez ce qu’est un volcan 
Donnez-nous toute information 
Pour aider notre pays 
Gronde, écroule-toi vers le nord 
La lave bouillonne, esquive sa colère 
Ne reste pas sur le chemin 
Ou bien tu mourras disent-ils. 
Gronde, écroule 
Réponds à la question 
Gros séisme 
Tout est secoué 
Quand vous continuez à vous embrouiller, à vous chamailler 
Gronde, écroule 
Gens devenus mortifiés 
Jouez. Pas de peur 
Mais qui tient la lame 
Alors que Dieu le Père tient le manche
If you know about a volcano 
Give us information 
To help our nation 
We here in Montserrat 
We don’t know much about that. 
Scientists from all over, 
Warships in the harbour, 
Tourist touring the island, 
Bring help to our nation. 
If you know about a volcano 
Give us information 
To help our nation. 
If you’ve ever seen an ashfall 
You know why Montserratians leave 
For other pastures 
But I’ll stay here and achieve. 
If you know about a volcano 
Give us information 
To help our nation. 
Rumble, tumble head for the north. 
Lava is bubbling, avoid the wrath. 
Don’t get in the way 
Or you’ll be dead they say. 
Rumble, tumble 
Han a fumble 
Heavy earthquake 
De whole place a shake Belly a bwile 
Lard me a wan dead chile. 
Rumble, tumble 
People be humble 
You a play you no fraid 
But who hol’ de blade 
A Papa God hol’ de handle 
Jomel Allen (10 ans)
José Maria de Heredia (1842-1905)
Les Trophées (1893)
Fleurs de feu
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos, 
La flamme par torrents jaillit de ce cratère, 
Et le panache igné du volcan solitaire 
Flamba plus haut encor que les Chimborazos. 
Nul bruit n’éveille plus la cime sans échos. 
Où la cendre pleuvait l’oiseau se désaltère ; 
Le sol est immobile et le sang de la Terre, 
La lave, en se figeant, lui laissa le repos. 
Pourtant, suprême effort de l’antique incendie, 
A l’orle de la gueule à jamais refroidie, 
Éclatant à travers les rocs pulvérisés, 
Comme un coup de tonnerre au milieu du silence, 
Dans le poudroîment d’or du pollen qu’elle lance 
S’épanouit la fleur des cactus embrasés.
Fleur séculaire
Sur le roc calciné de la dernière rampe 
Où le flux volcanique autrefois s’est tari, 
La graine que le vent au haut Gualatieri 
Sema, germe, s’accroche et, frêle plante, rampe. 
Elle grandit. En l’ombre où sa racine trempe, 
Son tronc, buvant la flamme obscure, s'est nourri ; 
Et les soleils d’un siècle ont longuement mûri 
Le bouton colossal qui fait ployer sa hampe. 
Enfin, dans l’air brûlant et qu’il embrase encore, 
Sous le pistil géant qu’il s’érige, il éclate, 
Et l’étamine lance au loin le pollen d’or ;
Et le grand aloès à la fleur écarlate, 
Pour l’hymen ignoré qu’a rêvé son amour, 
Ayant vécu cent ans, n’a fleuri qu’un seul jour.
Victor Hugo (1802-1885)
Septième partie du poème « Dicté après Juillet 1830 », lui-même premier poème des « Chants du Crépuscule ».
Le Vésuve
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve, 
Quand sa lave écumant comme un vin dans la cuve, 
Apparaît toute rouge au bord, 
Naples s’émeut : pleurante, effarée et lascive, 
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive ; 
Elle demande grâce au volcan courroucé. 
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée 
Grandit incessamment sur la cime enflammée 
Comme un cou de vautour hors de l’aire dressé. 
Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense 
La sombre éruption bondit comme en démence : 
Adieu, le fronton grec et le temple toscan ! 
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure. 
La lave se répand comme une chevelure 
Sur les épaules du volcan. 
Elle vient, elle vient, cette lave profonde 
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde. 
Plage, mers, archipels, tout trésaille à la fois. 
Les flots roulent vermeils, fumants, inexorables, 
Et Naples et ses palais tremblent plus misérables, 
Qu’au souffle de l’orage une feuille de bois ! 
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues. 
La terre revomit des maisons disparues, 
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin, 
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase, 
Et les clochers géants, chancelant sur leur base, 
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin ! 
Mais c’est Dieu qui le veut ! Tout en brûlant des villes, 
En comblant les vallons, en effaçant les îles, 
En charriant les tours sur son flot en courroux, 
Tout en bouleversant les ondes et la terre, 
Toujours Vésuve épargne, en son propre cratère, 
L’humble ermitage, où prie un vieux prêtre à genoux.
Victor Hugo (1802-1885)
Extrait de « La Légende des Siècles », XXVII, l’Inquisition.
« Le baptême des volcans est un ancien usage qui remonte aux premiers temps de la conquête. Tous les cratères du Nicaragua furent alors sanctifiés, à l’exception du Momotombo, d’où l’on ne vit jamais revenir les religieux qui s’étaient chargés d’aller y planter la croix. » 
Squier : Voyage dans l’Amérique du Sud.
Les raisons du Momotombo
Trouvant les tremblements de terre trop fréquents, 
Les rois d’Espagne ont fait baptiser les volcans 
Du royaume qu’ils ont en dessous de la sphère ; 
Les volcans n’ont rien dit et se sont laissé faire, 
Et puis le Momotombo lui seul n’a pas voulu. 
Plus d’un prêtre en surplis, par le saint-père élu, 
Portant le sacrement que l’Eglise administre, 
L’œil au ciel, a monté la montagne sinistre ; 
Beaucoup y sont allés, pas un seul n’est revenu. 
O vieux Momotombo, colosse chauve et nu, 
Qui songe près des mers, et fais de ton cratère 
Une tiare d’ombre et de flamme à la terre. 
Pourquoi, lorsqu’à ton seuil terrible nous frappons, 
Ne veux-tu pas du Dieu qu’on t’apporte ? Réponds. 
La montagne interrompt son crachement de lave, 
Et le Momotombo répond d’une voix grave : 
« Je n’aimais pas beaucoup le dieu qu’on a chassé. 
Cet avare cachait de l’or dans un fossé ; 
Il mangeait de la chair humaine ; ses mâchoires 
Etaient de pourriture et de sang toutes noires. 
Son antre était un porche au farouche carreau, 
Temple sépulcre orné d’un pontife bourreau ; 
Des squelettes riaient sous ses pieds ; les écuelles 
Où cet être buvait le meurtre étaient cruelles ; 
Sourd, difforme, il avait des serpents au poignet ; 
Toujours entre ses dents un cadavre saignait ; 
Ce spectre noircissait le firmament sublime. 
J’en grondais quelques fois au fond de mon abîme. 
Aussi, quand sont venus, fiers sur les flots tremblants, 
Et du côté d’où vient le jour, des hommes blancs, 
Je les ai bien reçus, trouvant que c’était sage. 
— L’âme a certainement la couleur du visage, 
Disais-je, l’homme blanc, c’est comme le ciel bleu ; 
Et le dieu de ceux-ci doit être un très bon dieu. 
On ne le verra point de meurtres se repaître. — 
J’étais content ; j’avais horreur de l’ancien prêtre ; 
Quand j’ai vu flamboyer, ciel juste ! à mon niveau ! 
Cette torche lugubre, âpre, jamais éteinte, 
Sombre, et que vous nommez l’Inquisition sainte, 
Quand j’ai pu voir comment Torquemada s’y prend 
Pour dissiper la nuit du sauvage ignorant, 
Comment il civilise, et de quelle manière 
Le Saint-Office enseigne et fait de la lumière, 
Quand j’ai vu dans Lima d’affreux géants d’osier, 
Pleins d’enfants, pétiller sur un large brasier, 
Et le feu dévorer la vie, et les fumées 
Se tordre sur les seins des femmes allumées ; 
Quand je me suis senti parfois presque étouffé 
Par l’âcre odeur qui sort de votre autodafé, 
Moi qui ne brûlais rien que l’ombre en ma fournaise, 
J’ai pensé que j’avais eu tort d’être bien aise ; 
J’ai regardé de près le dieu de l’étranger, 
Et j’ai dit : — Ce n’est pas la peine de changer. »
Jónas Hallgrímsson (1807-1845)
La montagne Skjaldbreiður
Le glacier tremblait, les feux étaient furieux, 
des cris profonds dans les fondations du paysage ; 
comme elles étaient tombées du haut, 
toutes les étoiles de l’édifice céleste, 
comme il y avait des nuées de moustiques ou de neige 
beaucoup d’étincelles volèrent dans l'air; 
le jour/le soleil se cacha dans d’ombres obscures, 
craquait la gorge et émettait des flammes. 
Écument les rouges nuées ardentes, 
la fumée bleu-grise planait surtout 
sur laquelle disparurent des buissons, les plaines d’herbe, 
les sorbiers dans la haute gorge. 
Les fleurs ne supportèrent pas cet outrage, 
Chacune se fane sur place, 
les têtes (des fleurs) se penchent tristement vers la terre ; 
- c’était seulement le roi céleste qui cela vit. 
Fjallið Skjaldbreiður
Titraði jökull, æstust eldar, 
öskraði djúpt í rótum lands; 
eins og væru ofan felldar 
allar stjörnur himnaranns, 
eins og ryki mý eða mugga, 
margur gneisti um loftið fló; 
dagur huldist dimmum skugga, 
dunaði gjá og loga spjó. 
Belja rauðar blossa móður, 
Blágrár reykur yfir sveif, 
undir hverfur runni, rjóður, 
reynistóð í hárri kleif. 
Blómin ei þá blöskrun þoldu, 
blikna hvert í sínum reit, 
höfði drepa hrygg við moldu; 
- himna drottin einn það leit.
Jónas Hallgrímsson était un géologue qui fit une description très fameuse de la nature islandaise en forme poétique. Ce poème décrit la nature de l’île Islande née du feu sous-marin avec ses montagnes bleues couvertes par les glaciers et les vallées vertes.
Il y a du feu dans le Nord, 
qui a élevé une île, 
mère sur la mer, 
ceinte des montagnes bleues, 
fleurie des vallées d’herbe, 
couverte de neige blanche.
Eldur er í norðri 
ey hefur reista 
móðir yfir már, 
beltað bláfjöllum, 
blómgað grasdölum, 
faldað hvítri fönn.
Jónas Hallgrímsson (1807-1845)
Dans le poème suivant Jónas décrit le fameux cratère Víti (“L'enfer”), dans le flanc sud-ouest du volcan Krafla au nord de l’Islande qui se forma le 17 mai 1724 à la suite d’une explosion gigantesque. 
traduction par Richard Kölbl
L’esprit est timide avant la fosse 
chaude pleine de bourbe bleue. 
Krafla, avec ses forces bizarres, 
elle a fendu la montagne et déchiré son flanc. 
Dans la profondeur obscure sont furieux 
les cris de la mort, dont les rouges 
flammes émettent les laves ardentes
sur la terre timide.
Hrollir hugur við polli 
heitum í blárri veitu. 
Krafla með kynju afli 
klauf fjall og rauf hjalla. 
Grimm eru í djúpi dimmu 
dauðaorg, þaðan er rauðir 
logar yfir landið bljúga 
leiddu hraunið seydda.
Tristan Corbière (1845 – 1875)
Palerme
A l’Etna
Sicelides Musae, paulo majora canamus 
Virgile
Etna – j’ai monté le Vésuve ... 
Le Vésuve a beaucoup baissé : 
J’étais plus chaud que son effluve, 
Plus que sa crête hérissée ... 
- Toi que l’on compare à la femme ... 
– Pourquoi ? – Pour ton âge ? ou ton âme 
De caillou cuit ? ... – Ça fait rêver ... 
– Et tu t’en fais rire à crever ! – 
- Tu ris jaune et tousses : sans doute, 
Crachant un vieil amour malsain ; 
La lave coule sous la croûte 
De ton vieux cancer au sein. 
Couchons ensemble, Camarade ! 
Là - mon flanc sur ton flanc malade : 
Nous sommes frères, par Vénus, 
Volcan ! ... 
Un peu moins ... un peu plus ...

2.  l'Etna 
Image © Dominique Decobecq
Dominique Decobecq
V comme Vésuve
Un volcanologue voulait vivre les vrombissements 
volcaniques d’un évent. 
Il vint à Vulcano, mais il ne vit 
que des vestales vivaces et des vents 
volatils. 
Ce veneur de volcans, 
devant cette vacance, vitupéra. 
Il se vaccina pour le Vanuatu, 
où voisine, paraît-il, des volcans 
volubiles. 
C’est d’ailleurs le vizirat 
des voyagistes volcaniques. 
Notre volcanologue, après un vol 
sans vodka et sans vin, mais non 
sans vrille, 
put après ce voyage vibrer 
voluptueusement aux vociférations 
du volumineux volcan 
versatile. 
Devenu voyeur, mais non voyant, 
il put vocaliser sur les vertes vulcanales, 
et se sentant à la fois vulnérable 
et hors du vulgum pecus, il devint un véritable 
vigile. 
Ainsi, le volcanologue, comme le volcan, 
devint vultueux et se prit visiblement 
pour le Vésuve.
Dominique Decobecq

3.  Le Vésuve 
Image © Dominique Decobecq
Victor Duquesnay (1872-1920)
Victor Duquesnay est né en Martinique et il étudia en France avant de faire carrière dans le droit. Dans son recueil Les Martiniquaises publié, en 1903, il écrit ce sonnet, « Exode », en relation avec l’éruption de la Montagne Pelée en Martinique.
Exode
Le « mont de feu », flambeau géant, embrase l’île !
Comme aux temps des lointains Caraïbes, le Nord 
Éperdument émigre et déserte la mort. 
Les sinistrés vont vers le Sud cherchent asile 
 Vers le « pays des rocs » ils tendent leur effort 
Non sans un long regard pour leur terre fertile, 
ils s’éloignent hâtifs, émus, en sombre file ! 
Il leur tarde d’atteindre au vieux sol noir et fort 
 Mais l’angoisse a suivi leurs tristes caravanes ; 
Ils retrouvent la cendre à toutes nos savanes 
Une vapeur s’amasse et plane au ras des eaux. 
A midi, dans l’air traîne un voile fantastique,  
Et du volcan ils croient sentir, énigmatique, 
Rôder l’haleine bleue autour de nos coteaux. 

4. La ville de Saint-Pierre après l’éruption de la Montagne Pelée
Daniel Thaly (1879-1950)
Les Ruines de Saint-Pierre est dédié à Alcide Delmont (1874-1959), un avocat et homme politique né à Saint-Pierre (Martinique).
Les ruines de Saint-Pierre
Là-bas, dans le soleil couchant, voilà Saint-Pierre ! 
 Reverrons-nous encore la rade et les monts bleus, 
 Les mornes allongés dans la lumière claire 
 Et la ville d’enfance où nous fûmes heureux ? 
 Hélas ! tout a sombré dans un spasme suprême ! 
 Un grand linceul s’étend à l’horizon blafard ; 
 Je ne vous verrai plus, doux visages que j’aime ! 
 Quel songe douloureux m’a fait ce cauchemar ? 
 Tous se sont endormis dans la même infortune : 
 Les vieillards affaiblis, les vierges à l’oeil noir 
 Et les petits enfants qui vont pieds-nus, le soir, 
 En chantant des chansons dolentes à la lune. 
Infernale agonie, inutile terreur, 
Tragique effondrement, angoisse inexprimable, 
O cris désespérés d’une ville qui meurt, 
Nul ne saura jamais votre horreur lamentable ! 
Adieu, port en ruine à l’horizon des mers, 
Berceau d’un peuple jeune allant à l’espérance, 
Sol du volcan maudit, temple des rayons clairs, 
Douloureuse patrie en proie à la souffrance ! 
Et vous, décors lointains, paysages aimés, 
Souvenirs du pays et de l’enfance heureuse, 
Jardins fleuris au bord des couchants embaumés 
Vous vous êtes perdus dans la nuit douloureuse !

5. Les ruines de Saint-Pierre
Daniel Thaly (1879-1950)
Tiré du recueil « Dans le jardin des Tropiques », 1911
A Saint-Pierre 
I
Indolente cité de fleurs et de villas, 
Dans l’air tiède enivré du parfum des vanilles, 
Tes toits blancs flamboyaient, miroitantes coquilles, 
Au bord du golfe sombre où tu naquis, hélas ! 
Tu chantais par les soirs de pourpre et de lilas 
Dans le frisson des foulards clairs et des mantilles, 
Et l’horizon torride et la mer des Antilles 
Élargissaient l’azur de ton ciel plein d’éclats. 
Au loin, le Pelé noir, faîte des pitons rudes, 
Dentelant l’air bleuté des hautes solitudes, 
Étageait sa broussaille abrupte et ses halliers. 
Et c’est vers la montagne, ô cruelle Nature, 
Que s’en allaient fleurir les rêves familiers 
De ceux qui maintenant dorment sans sépulture.
II
Ville coloniale, aux temps ou sur vos quais 
La nuit claire attirait l’essaim des jeunes filles, 
Une rose piquée en ses cheveux de jais, 
Elle venait, les yeux rêvant sous la mantille. 
Les vagues une à une expiraient dans le port. 
Vers un balcon montait un air de mandoline. 
L’odeur du sel flottait sur la mer opaline 
Où les chalands buvaient le clair de lune d’or. 
Je rentrais mon cœur pur plein du premier espoir 
Et parfois je croisais dans l’ombre d’un trottoir 
Une femme traînant la robe à longue queue. 
En ces temps, vous aviez, voluptueuse ville, 
Un peu de la douceur ardente de Séville 
Quand le Guadalquivir rêve sous les nuits bleues.
III
Jamais plus, jamais plus, Ville, nous ne verrons 
Dans ton beau port les blancs vaisseaux de la Barbade, 
Nous n’écouterons plus, le soir sur tes perrons, 
Les chants voluptueux des molles sérénades. 
A présent ce n’est plus que dans nos souvenirs 
Que le clair carnaval souffle dans ses trombones, 
Il en est mort le beau temps des bals et des plaisirs. 
Dors en paix aux sanglots des vagues monotones. 
Dans ton Lycée ouvert au souffle des grands bois 
La Poésie en pleurs me parla d'une voix 
Si pure que depuis je suis resté crédule. 
Quel pays me rendra Pécoul et Périnel 
Et le morne Dorange et le vert crépuscule, 
Où l'on voyait bleuir l'arbre du Morne Abel ? 

6. La rue principale de la ville de Saint-Pierre avant l’éruption.
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